Jacques Perconte
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  5 juillet 2016  
Béghin, Cyril, Les cahiers du cinéma.
Hypersoleils
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Le Soleil de minuit (1961), un épisode de La Quatrième Dimension, imagine cet enfer: une jeune femme peint une cascade pour se donner une sensation de répit, mais sur sa toile la peinture fond comme de l'eau ... On retrouve la même imagination d'une liquéfaction caniculaire dans la performance Hypersoleils, qui associe en live des distorsions numériques du cinéaste expérimental Jacques Perconte et des musiques électro de Jean-Benoît Dunckel (du groupe Air). En grand écran, quelques vues de la mer se déforment, coulent en pâte épaisse ou se subliment en nuages de pixels; les couleurs s'imbibent les unes les autres, leur chimie en ébullition produit des teintes folles que des soleils transpercent à répétition pour être noyés dans un ressac d'aquarelles saturées, et réapparaître. Figuration et abstraction s'entrelacent en hallucinations.
Jacques Perconte a réalisé plusieurs séries à partir d'images glanées en Normandie (cf. Cahiers n° 705), mais celles qui servent de base aux compressions distordues de Hypersoleils se concentrent sur des formes estivales: des rivages, des vagues et des ciels. On devine même une petite planche à voile glissant sur l'un des immenses drippings numériques, tandis que des mouettes viennent parfois altérer des zones de l'écran par quelques battements d'ailes. Un mélange de tectonique visuelle, qui fait ruisseler l'image en grains ou en plaques, et d'éruptions solaires, marines et chromatiques, est au principe de ce néopsychédélisme appuyé par les sons planants de Jean-Benoît Dunckel-drôle d'hybridation d'été normand et d'été californien.Au coeur de la performance, l'astre jaune se rapproche littéralement, on y rentre en spirale comme sur un toboggan cosmique et l'image prend des allures de mandala versatile.Jouée le soir du 23 juin à la galerie Thaddaeus Ropac à Pantin, dans le cadre du festival Côté court, la performance ressemblait à un beau rituel de solstice, une célébration hypnotique des soleils de minuit.


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