Jacques Perconte
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019
  16 avril 2014  
Olcèse, Smaranda, À bras le corps, magazine électronique.
D'est En Ouest - Jacques Perconte À La Galerie Charlot
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CAT : CATALOGUE CR :: CRITIQUE


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Le voyage auquel nous invite Jacques Perconte s’apparente à un double mouvement. La traversée d’un territoire, depuis les Alpes, en passant par le Puy de Dôme, jusqu’à la côte atlantique, est l’occasion de plongées à chaque instant renouvelées dans les densités insoupçonnables d’une matière vidéo qui acquiert des textures picturales.

Rarement un geste si large, apparenté à une vision aérienne, aura épousé de si près les rythmes internes des masses géologiques. Les compressions radicales de Jacques Perconte orchestrent des dislocations, des ruptures dans les plaques tectoniques de l’image. Les reliefs — versants ensoleillés et vallées enneigées — se fondent dans des coulées massives, des plis, des rides, des ruissellements travaillent de l’intérieur une trame générative sujette à un mouvement hypnotique, en apesanteur.

Arrêter ce mouvement sur des tirages papiers permet de surprendre les couleurs en train d’éclore, saturées et éclatantes, les formes en train de se défaire et de se recomposer, selon des algorithmes mystérieux, l’image en train de déborder, gorgée de vibrations. Une histoire des devenirs multiples, d’infinis possibles, suspendue aux lignes de fuite d’un paysage en fusion. Si les vidéos de Jacques Perconte révèlent, par le biais de calculs patients d’une machine toujours sur le point de perdre ses moyens, la matière vive derrière l’image, ses impressions numériques saisissent l’intensité des processus à l’œuvre.

Des courants secrets nous entrainent désormais le long des canaux ombrageux du Marais Poitevin. Le doux glissement de cette dérive contrôlée travaille des reflets et ondées, des exhalations opérant une double percée du miroir – celui des plans d’eau, placides et taiseux et celui des images numériques, dont la netteté se trouble, se liquéfie. Les couleurs coulent, se diffusent hors trame. Des lacis de branches dessinent des architectures fantasmatiques, tout en reflets, symétries et jeux de profondeurs. Un vortex bleu vif nous aspire subrepticement. Des pans, des lambeaux, des voiles de matière se dissipent, autant d’enveloppes d’une expérience synesthésique. Au cœur de ce paysage, resplendissant désormais de miroitements verts émeraude qui courent à la surface de l’eau calme, il n’y a pas d’autre secret que celui de l’image même, dense et vaporeuse, qui dévoile sa texture fluide, ondulatoire.

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